EXPOSITIONS D'ART
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EXPOSITIONS D'ART
EXPOSITIONS A VENIR
Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka
Vienne 1900
5 octobre 2005 - 23 janvier 2006
Galeries nationales du Grand Palais
entrée square Jean Perrin
Horaires: 10-20 Me 10-22, fermé le mardi
à ne pas perdre pour qui à la chance d'etre à Paris
"DANAE" - KLIMT
Klimt, Schiele, Moser, Kokoschka
Vienne 1900
5 octobre 2005 - 23 janvier 2006
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Horaires: 10-20 Me 10-22, fermé le mardi
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malena- Invité
Re: EXPOSITIONS D'ART
GIRODET 1767-1824
Une peinture de poète
Du 22 septembre au 2 janvier 2005, le musée du Louvre accueille les plus belles toiles et dessins de Girodet. L'occasion d'investir l'espace créatif d'un peintre de génie, resté dans l'ombre du grand David.
A artiste singulier, rétrospective exceptionnelle. Exposés dans le Hall Napoléon, les nombreux tableaux et dessins réunis sous la direction de Mr Sylvain Bellenger, ancien conservateur du musée de Montargis, viennent consacrer l'esthétique littéraire, l'engagement politique, la sensualité et le romantisme du plus doué des élèves de David. On notera, en prémices de cet événement, une petite exposition située au premier étage de l'aile Denon en hommage à l'atelier du maître du néoclassicisme, où l'on pourra admirer de nombreux croquis, illustrations et études réalisés par ses élèves Gérard, Gros, Fabre, Girodet...
Le parcours, faussement chronologique, s'ouvre paradoxalement sur une oeuvre tardive (1810) et très personnelle : la magnifique 'Révolte du Caire'. Si cette commande de Napoléon, censée exalter les campagnes impériales, a le statut privilégié de l'avant-propos, c'est qu'elle exprime avec pertinence l'identité artistique de Girodet. Cette toile est un véritable manifeste du romantisme si l'on considère avec attention l'héroïsme, la sensualité, la violence et la poésie qui émane de l'ensemble de la scène et du détail du jeune Sultan expirant dans les bras d'un esclave maure. Un avant-goût d'une remarquable inspiration.
Une émancipation précoce et transitoire
De ses études à Paris jusqu'à son retour d'Italie en 1797, Girodet ne cessera jamais d'alterner entre académisme néoclassique et rupture réformatrice.
Les premières salles commencent habilement par évoquer les années passées à l'atelier sous l'autorité de David, avec l'ambition de remporter le prix de Rome et d'intégrer la prestigieuse Académie de France. Le 'Serment des Horaces' et le 'Joseph reconnu par ses frères', comparés au tableau du 'Christ mort', permettent de discerner avec aisance la maturité et l'indépendance du jeune élève. La proximité du 'Sommeil d'Endymion' accentue le contraste avec le modèle traditionnel et annonce le style singulier et les exigences esthétiques originales de Girodet. Sublime expression d'un nu androgyne et sensuel, d'une scène mystérieuse et troublante, ce tableau restera comme le symbole de sa sensibilité raffinée et de son extravagance romantique et moderne. A contrario, 'Hippocrate refusant les présents d'Ataxerxés', commandé par son tuteur le docteur Trioson, renoue avec le pur style davidien.
On notera la présence de quelques toiles représentatives de l'influence italienne tels les paysages 'Vue de Capri' et 'Vue des Alpes'.
L'extravagance d'un rebelle et le mélange des genres
Girodet est autonome en art et rien n'est censé contrarier la créativité du peintre. Une autonomie originale caractérisée par un mélange judicieux des quatre catégories académiques, la scène de genre, le portrait, la peinture d'histoire et la nature morte. D'où la volonté affirmée des organisateurs de dévoiler une peinture de caractère capable de transcender l'objet d'étude afin d'y imposer ses propres desseins. La mythologie celtique d'Ossian, célébrée dans cette exposition en dessins et peintures, est l'exemple concret de variations artistiques sur le thème de l'histoire. Quant à l'emploi de l'art pour assouvir des fins personnelles, le peintre en usera avec virulence sans tenir compte des convenances. Ainsi, se retrouvent face à face les tableaux de 'L'Apothéose des héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la liberté' et de 'Mademoiselle Lange en Danaé' (au côté des toiles allégoriques des saisons, inspirées du style pompéien). Le premier exalte un imaginaire à partir d'un faux littéraire afin de glorifier avec excentricité le patriotisme français. Le second est une caricature satyrique redoutable d'une mondaine célèbre, Mlle Lange, à qui il voulut faire payer un jugement hâtif sur une commande de la comédienne, exposé au Salon de 1799. Mais le châtiment par l'art concerne aussi le pouvoir en place. Napoléon a subi le cynisme de Girodet, en inspirant trois études incroyables, à partir d'une sieste déplacée lors d'une représentation théâtrale à Saint-Cloud. L'occasion pour le peintre de révéler des sentiments vraisemblablement nuancés à l'égard de l'empereur.
'La Scène du Déluge' traduit encore cette indépendance vis-à-vis de l'histoire, des textes mais aussi des règles académiques. Ce tableau ne répondant à aucune commande précise donne l'opportunité à Girodet, au Salon de 1806, d'affirmer son talent et de revendiquer l'universalité de sa démarche esthétique.
Réinventer l'art du portrait
L'exercice difficile du portrait est encore une fois la possibilité de marquer la puissance créatrice de Girodet et d'affirmer sa différence, son identité. La quantité de portraits rassemblés pour la possibilité permet de réhabiliter la globalité de son travail aux dépens du portrait magnifique, mais trop exclusif, de 'Chateaubriand'. Quatre thématiques ordonnent ce foisonnement hétérogène. On savoure tout d'abord l'ivresse exotique, le colorisme et la multitude de sentiments représentés par les 'Orientaux' tel le 'Portrait d'un Indien'. On découvre l'effervescence politique et historique de différentes périodes (de la Révolution à l'Empire, jusqu'à la Restauration), sans délaisser les engagements personnels du peintre, à travers la série des 'Grands Hommes' où le tableau de 'Giuseppe Fravega', révolutionnaire italien, côtoie celui du jeune 'Cathelineau', vendéen et royaliste. La présence des portraits privés, de la 'Reine Hortense' ou de celui de la 'Comtesse de Bonneval' par exemple, démontre la capacité du peintre à caractériser son style en y associant des traits objectivant des sentiments particuliers. Enfin, les portraits liés à l'enfance sont un hommage allégorique rendu au modèle d'éducation rousseauiste tiré de l' 'Emile'. L'introspection solitaire, la posture mélancolique, l'ivresse poétique et la contemplation aux dépens de la discipline sont célébrées par une série de portraits représentant trois stades du développement d'un enfant, le petit 'Benoît-Agnès Trioson'. Mais 'La Leçon de géographie' rendant grâce à la pédagogie et à la culture du docteur semble incontestablement destituer le philosophe.
Une attention toute particulière pour le remarquable tableau du 'C.Belley, ex-représentant des colonies', législateur occidental noir, militant pour l'abolition de l'esclavage et député à Saint-Domingue, qui traduit la capacité de Girodet à donner au portrait une dimension artistique révolutionnaire et universelle en fusionnant la politique et la peinture.
Une peinture de poète
Du 22 septembre au 2 janvier 2005, le musée du Louvre accueille les plus belles toiles et dessins de Girodet. L'occasion d'investir l'espace créatif d'un peintre de génie, resté dans l'ombre du grand David.
A artiste singulier, rétrospective exceptionnelle. Exposés dans le Hall Napoléon, les nombreux tableaux et dessins réunis sous la direction de Mr Sylvain Bellenger, ancien conservateur du musée de Montargis, viennent consacrer l'esthétique littéraire, l'engagement politique, la sensualité et le romantisme du plus doué des élèves de David. On notera, en prémices de cet événement, une petite exposition située au premier étage de l'aile Denon en hommage à l'atelier du maître du néoclassicisme, où l'on pourra admirer de nombreux croquis, illustrations et études réalisés par ses élèves Gérard, Gros, Fabre, Girodet...
Le parcours, faussement chronologique, s'ouvre paradoxalement sur une oeuvre tardive (1810) et très personnelle : la magnifique 'Révolte du Caire'. Si cette commande de Napoléon, censée exalter les campagnes impériales, a le statut privilégié de l'avant-propos, c'est qu'elle exprime avec pertinence l'identité artistique de Girodet. Cette toile est un véritable manifeste du romantisme si l'on considère avec attention l'héroïsme, la sensualité, la violence et la poésie qui émane de l'ensemble de la scène et du détail du jeune Sultan expirant dans les bras d'un esclave maure. Un avant-goût d'une remarquable inspiration.
Une émancipation précoce et transitoire
De ses études à Paris jusqu'à son retour d'Italie en 1797, Girodet ne cessera jamais d'alterner entre académisme néoclassique et rupture réformatrice.
Les premières salles commencent habilement par évoquer les années passées à l'atelier sous l'autorité de David, avec l'ambition de remporter le prix de Rome et d'intégrer la prestigieuse Académie de France. Le 'Serment des Horaces' et le 'Joseph reconnu par ses frères', comparés au tableau du 'Christ mort', permettent de discerner avec aisance la maturité et l'indépendance du jeune élève. La proximité du 'Sommeil d'Endymion' accentue le contraste avec le modèle traditionnel et annonce le style singulier et les exigences esthétiques originales de Girodet. Sublime expression d'un nu androgyne et sensuel, d'une scène mystérieuse et troublante, ce tableau restera comme le symbole de sa sensibilité raffinée et de son extravagance romantique et moderne. A contrario, 'Hippocrate refusant les présents d'Ataxerxés', commandé par son tuteur le docteur Trioson, renoue avec le pur style davidien.
On notera la présence de quelques toiles représentatives de l'influence italienne tels les paysages 'Vue de Capri' et 'Vue des Alpes'.
L'extravagance d'un rebelle et le mélange des genres
Girodet est autonome en art et rien n'est censé contrarier la créativité du peintre. Une autonomie originale caractérisée par un mélange judicieux des quatre catégories académiques, la scène de genre, le portrait, la peinture d'histoire et la nature morte. D'où la volonté affirmée des organisateurs de dévoiler une peinture de caractère capable de transcender l'objet d'étude afin d'y imposer ses propres desseins. La mythologie celtique d'Ossian, célébrée dans cette exposition en dessins et peintures, est l'exemple concret de variations artistiques sur le thème de l'histoire. Quant à l'emploi de l'art pour assouvir des fins personnelles, le peintre en usera avec virulence sans tenir compte des convenances. Ainsi, se retrouvent face à face les tableaux de 'L'Apothéose des héros français morts pour la patrie pendant la guerre de la liberté' et de 'Mademoiselle Lange en Danaé' (au côté des toiles allégoriques des saisons, inspirées du style pompéien). Le premier exalte un imaginaire à partir d'un faux littéraire afin de glorifier avec excentricité le patriotisme français. Le second est une caricature satyrique redoutable d'une mondaine célèbre, Mlle Lange, à qui il voulut faire payer un jugement hâtif sur une commande de la comédienne, exposé au Salon de 1799. Mais le châtiment par l'art concerne aussi le pouvoir en place. Napoléon a subi le cynisme de Girodet, en inspirant trois études incroyables, à partir d'une sieste déplacée lors d'une représentation théâtrale à Saint-Cloud. L'occasion pour le peintre de révéler des sentiments vraisemblablement nuancés à l'égard de l'empereur.
'La Scène du Déluge' traduit encore cette indépendance vis-à-vis de l'histoire, des textes mais aussi des règles académiques. Ce tableau ne répondant à aucune commande précise donne l'opportunité à Girodet, au Salon de 1806, d'affirmer son talent et de revendiquer l'universalité de sa démarche esthétique.
Réinventer l'art du portrait
L'exercice difficile du portrait est encore une fois la possibilité de marquer la puissance créatrice de Girodet et d'affirmer sa différence, son identité. La quantité de portraits rassemblés pour la possibilité permet de réhabiliter la globalité de son travail aux dépens du portrait magnifique, mais trop exclusif, de 'Chateaubriand'. Quatre thématiques ordonnent ce foisonnement hétérogène. On savoure tout d'abord l'ivresse exotique, le colorisme et la multitude de sentiments représentés par les 'Orientaux' tel le 'Portrait d'un Indien'. On découvre l'effervescence politique et historique de différentes périodes (de la Révolution à l'Empire, jusqu'à la Restauration), sans délaisser les engagements personnels du peintre, à travers la série des 'Grands Hommes' où le tableau de 'Giuseppe Fravega', révolutionnaire italien, côtoie celui du jeune 'Cathelineau', vendéen et royaliste. La présence des portraits privés, de la 'Reine Hortense' ou de celui de la 'Comtesse de Bonneval' par exemple, démontre la capacité du peintre à caractériser son style en y associant des traits objectivant des sentiments particuliers. Enfin, les portraits liés à l'enfance sont un hommage allégorique rendu au modèle d'éducation rousseauiste tiré de l' 'Emile'. L'introspection solitaire, la posture mélancolique, l'ivresse poétique et la contemplation aux dépens de la discipline sont célébrées par une série de portraits représentant trois stades du développement d'un enfant, le petit 'Benoît-Agnès Trioson'. Mais 'La Leçon de géographie' rendant grâce à la pédagogie et à la culture du docteur semble incontestablement destituer le philosophe.
Une attention toute particulière pour le remarquable tableau du 'C.Belley, ex-représentant des colonies', législateur occidental noir, militant pour l'abolition de l'esclavage et député à Saint-Domingue, qui traduit la capacité de Girodet à donner au portrait une dimension artistique révolutionnaire et universelle en fusionnant la politique et la peinture.
malena- Invité
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